flOw

Y'a pas à dire. Le domaine du jeu vidéo reste bien souvent cantonné aux même type de créations, déclinées sous X formes. Prenez cette année : Entre le nouveau Call Of Duty, qui ressemble plus à une version + du précédent que d'un nouveau titre, ou le dernier Splinter Cell dont tout le monde attendait une version époustouflante et qui est sympa sans être transcendant, on peut pas dire qu'on croule sous l'originalité. Les éditeurs et développeurs préfèrent se cantonner aux styles qui vendent le plus plutôt que de tenter des nouvelles approches. Heureusement pour nous, il y a des personnes qui tentent de changer la vision que nous avons des jeux, et qui font partager leurs essais au monde grâce à Internet. Parmi ces gens, il y a un nom qui ressort tant ses productions sont originales : Jenova Chen.

L'une de ses œuvres est ultra connu sur le net, et mérite son succès : flOw. Ici, vous incarnez un organisme aquatique, peut-être un zooplancton. Vous n'avez pas de but précis, si ce n'est vous nourrir pour vous développer. Plus vous mangerez, plus votre vers grandira. Seulement, trop de nourriture ne sert à rien, puisque le surplus sera relâché sous forme d'un autre plancton. Ces derniers ne comptent pas que de minuscules représentants, il y a toute une variété de créatures plus grandes qui n'attendent que votre passage pour dîner. Bien entendu, il est possible de les défaire en vous attaquant à certains points de leur anatomie.

Le joueur est totalement libre d'avancer dans la difficulté ou non. Votre créature évoluant dans une biosphère aquatique, chaque niveau représente une profondeur. Le 20ième, qui est aussi le dernier, représente les profondeurs abyssales, ou la survie est la plus ardue. Pour descendre ou remonter, deux créatures, l'une rouge, l'autre bleue, qu'ils vous suffira de gober pour décider de votre prochaine étape.
Le titre possède une jouabilité volontairement simple et limité. Le vers se dirige à la souris. Il ne cesse de se déplacer, toujours en direction du pointeur, et peut accélérer sa progression grâce au clic gauche. Ce choix en terme de commande fut fait afin que les casual gamerz (joueurs normaux ou occasionnels) puissent s'amuser autant que les Hardcore Gamerz. La plongée dans les profondeurs abyssales offrira un challenge à qui le voudra, tandis que la personne souhaitant juste profiter de l'ambiance restera dans les niveaux supérieurs.

Même constatation au niveau visuel et sonore : C'est très simple. Graphiquement, votre vers est plus symbolique qu'autre chose. Il est composé d'un ensemble de petits cercles, qui se remplissent lorsque vous dévorez l'une des créatures peuplant ce monde étrange. Au fond, une couleur bleue, plus au moins profonde, changeant lorsque vous vous plonger vers les abysses. On peut aussi apercevoir, de façon flouté, les organismes baignant en dessous, fournissant ainsi de précieuses informations sur ce qui vous attend.
Pour ce qui est du son, c'est aussi minimaliste. Pas un seul bruitage de la part des créatures, quelles qu'elles soient. Juste une musique, reposante, zen, nous berçant, variant selon le niveau dans lequel on évolue. Elle nous plonge dans cet univers de sérénité, de tranquillité qu'est le monde de flOw.
Ces choix artistiques rendent ce jeu totalement immersif. On entre en parfaite harmonie avec cette œuvre atypique, mais ô combien intéressante, captivante. Rapidement, si on peut douter de l'intérêt que peut apporter un titre aussi simple, on se retrouve à la captivé, mais aussi véritablement reposé. Un sentiment de bien être nous envahi lorsque les conditions sont adéquates, si nous sommes assez concentré sur l'action de notre écran.

Ce que je dis peut paraître étonnant, mais flOw n'est pas un jeu crée au hasard. Il s'agit une sorte de représentation grandeur nature de la théorie du « flow » (le courant) développée par Mihaly Csikszentmihalyi (prononcez « tchik-sainte-mi-aïe-i »), professeur de Psychologie à l'université de Chicago. Cet homme défini « le courant » comme une expérience optimale d'accomplissement et d'engagement. Il s'agit, dans les domaines de la création, des compétitions sportive, du travail ou des pratiques spirituelles, d'une motivation profonde, spécifiquement humaine, à briller dans tous les domaines, vouloir se dépasser et devancer ses propres limites.

Jenova Chen est un concepteur de jeux vidéo qui cherche à changer la façon d'aborder cette forme de loisir, désirant la rendre plus mature, comme Miyazaki le fit dans le domaine de l'animation. Il tente donc d'appliquer la théorie Flow à ses créations, expliquant que les jeux se divisent principalement entre le challenge qu'ils apportent et les aptitudes qui sont nécessaires pour en profiter. Tant que le joueurs « nage » entre ces deux eaux, l'amusement, la concentration restent optimaux, mais si l'un des deux domaines prend le pas sur l'autre, alors on tombe dans l'anxiété ou l'ennui. Le but étant pour un concepteur de maintenir son « client » en permanence dans le « flow ».

Ok, j'explique mal. N'empêche que je trouve son raisonnement très intéressant. Je vous invite vraiment à lire ce qu'il écrit (en anglais) sur son site dans ce domaine, et comment il voudrait voir appliquer ce concept à la création de jeux vidéo. Dans le même genre, jetez un œil sur la page Wikipedia (toujours en anglais) en ce qui concerne la théorie du flow.

Quand au jeu en lui-même, rien ne vaut mieux que de l'essayer. On tombe rapidement sous le charme. Un petit chef d'œuvre qui ne paye pas de mine, mais qui en dit long sur le but poursuivi par son auteur, nous renseignant sur les créations dont il pourrait nous faire profiter par la suite.


Un petit PS pour finir, sachez que flOw sera adapté sur Playstation 3. Il s'agira probablement du premier « concept game » de la console, ce qui me pousse déjà à réviser mon avis de « Une Ps3 ? Moi ? Jamais ! »

Quelques Liens :

Le site du Jenova Chen : https://www.jenovachen.com/flowingames/
La page directe avec le jeu (une version offline est téléchargeable) : https://intihuatani.usc.edu/cloud/flowing/ (404 status - Not Found).
La page Wikipédia (en Anglais) traitant du principe « Flow » : https://en.wikipedia.org/wiki/Flow_(psychology)