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2001

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Severance : Blade Of Darkness




Editeur : Codemasters
Développeur : Rebel Act
Genre : Action - Aventure
Année : 2001
Dispo sur : CD-Rom PC



L'avantage des soldes, c'est qu'il s'agit du seul moment dans l'année où je peux rentrer en ayant acheté une tonne de conneries sans que ma femme ne dise rien. DVD, Cd, gadgets électroniques à la con et, bien sur, jeux bradés en tout genre. Soyons honnête sur ce point : les trois quart du temps, ce sont surtout de vieux trucs, ou des bouses infâmes, chers pour l'âge qu'ils accusent ou la qualité dont ils manquent. M'enfin, y'a quand même des affaires qui valent le coup, notamment pour ceux n'hésitant pas à sauter cinq ou six ans en arrière en matière de technologie. Ca tombe bien, c'est exactement mon cas : Même dix ans après, s'il est bien pensé, correctement réalisé et amusant un bon titre trouvera toujours sa place sur mes étagères.
Donc, lançons-nous à la recherche de quelque chose d'intéressant dans les bacs de soldes des grandes surfaces. Le premier coup fut le bon : entre deux « Ultimate Macramé 2000 » et « Devenez un champion d'échec le temps d'aller aux toilettes » voila que je tombe sur un hit qui ne trônait pas encore dans ma ludothèque : Severance Blade of Darkness.

Le monde est menacé.Un sombre personnage, mégalomane, surpuissant, mais surtout, mage, réveille d'anciens démons et rassemble une armée capable d'écraser toute nation ou tout peuple qui oserait entraver ses ambitions.
Face à lui, quatre héros, quatre individus, chacun animés par des sentiments et des objectifs différents, tentent de sauver ce qui peut l'être. Maître Nain, Chevalier, Amazone ou Barbare, votre quête vous fera traverser le monde et vous poussera à affronter le mal absolu, menaçant votre civilisation ainsi que la moindre forme de vie.

Un mage noir, quatre héros (ayant tous des aptitudes et des caractéristiques différentes) et un monde à sauver : pas de doute, nous sommes ici dans un scénario typique Donjons et Dragons, ou, plus généralement, médiéval fantastique. Ca semble bien bateau tout ça, non ?
Ben justement, oui et non. Oui, parce qu'il est évident que le rapprochement avec un grand nombre de scénario de jeux, de films, de livres est immanquable, tant celui-ci est conventionnel et déjà vu un millier de fois (tiens, récemment, c'était un peu celui de Dark Messiah Of Might And Magic...). Non parce que Severance, ce n'est pas un monde fantastique et magique. Bien au contraire.

Oubliez Legend, Willow ou Ladyhawk. Ici, vous pénétrez dans un environnement à l'opposé de ces films. Si l'on devait prendre un métrage comme référence, il s'agirait probablement de Conan le Barbare. Le monde de Severance est à la fois réaliste, froid et incroyablement riche. Réaliste, car même s'il présente des créatures fantastiques telles que les orcs, les morts-vivants ou les nains, il le fait d'une façon suffisamment intelligente pour éviter d'en faire des monstres absurdes, doués de pouvoirs surhumains ou autres. Bien sur, à certains moments on baigne dans la magie, mais pas à outrance, et pas à travers d'effets tape-à-l'œil inutiles.
Les concepteurs de Severance ont réussi là où de nombreux créateurs ont échoués, à savoir, donner naissance à un univers totalement paradoxal. Cette chimère vient de sa personnalité : Nous sommes en présence d'un continent doté d'une histoire incroyable, sur lequel coexistent des cités plus anciennes que le temps, des civilisations en tout genre et des mythologies aussi diverses que variées. Sauf que tout est mort. Severance, c'est un monde aussi riche que froid. Vous ne rencontrerez jamais (ou presque) d'autres êtres humains, en dehors de quelques pauvres âmes en train de succomber ou de pourrir au fond d'une cellule. Les plus grandes cultures, ayant bâtis des monuments et des statues colossales à l'image de leur gloire, ne sont donc pas immortelles. Au contraire, au-delà de la guerre, on a le sentiment que c'est la décadence qui les a achevées, nous laissant dans une ambiance aussi chaude que puisse l'être la lame que vous enfoncez dans le dos de vos adversaires.

La présentation faîte de notre star du jour, la question qui suit est épineuse : Quid de son age ? Effectivement, nous sommes en présence d'un jeu datant de 2001. Petit rappel : 2001, c'est DirectX 8, les Geforce 3 ou les Radeon 8500... Autant dire qu'avec les productions d'aujourd'hui, c'est un gouffre qui nous sépare. Dans de telles conditions, Severance est-il devenu un calvaire visuel, risquant à tout moment de faire sauter les délicates veines parcourant votre globe oculaire ? Pas tant que ça à vrai dire.
Y'a une chose qui faut reconnaître : la 3D vieillit mal, voire très mal selon les jeux. Le phénomène est présent dans notre cas, mais pas tant que ça. Le personnage a un petit côté « polygonal » qui ressort pas mal du côté de ses petits bras, et l'on voit bien que son corps, tout comme son visage, n'est qu'un assemblage de textures plaquées à même un squelette à la composition fort simple. Faut se dire qu'en même temps, notre œil, que nous aimons tant, s'est habitué aux performances d'un moteur Source ou autre Unreal Engine... Pourtant, c'est vieux sans être kitch et totalement dépassé. Ok, nous somme loin de la modélisation d'un Prince des Sables du Temps ou d'un Sam Fisher de Splinter Cell, ce qui ne veut néanmoins pas dire que c'est moche pour autant. L'animation irréprochable de tous les protagonistes de l'histoire et l'action incessante font bien vite oublier les imperfections de votre avatar. Puis sans déconner, faut être honnête : Severance était lors de sa sortie l'une des tueries graphiques de l'époque. Niveaux magnifiques et tous différents, level design parfait mettant en avant le génie architectural de ses concepteurs, ombres somptueuses, eau reflétant tout ce qui peut l'être etc... S'il a vieilli, il n'a pas perdu sa beauté d'antan, tant dans son fond que dans sa forme, et est encore largement capable de flatter la rétine de nombreux joueurs, surtout ceux visant le plaisir de jeu avant celui des yeux.

Et s'il y a bien une chose qui fait son élégance première, c'est sa violence. Preux chevalier, vous qui cherchez à faire le bien en sauvant la princesse, en vous montrant magnanime et laissant la vie sauve à votre adversaire, passer votre chemin ! Ici, tout n'est que combat, décapitation, démembrement et autre joyeusetés qui font tout le charme du Médiéval fantastique (ouais parce que les elfes et les nains, ça va 5 minutes... Si y'a pas de tripailles, c'est chiant comme la mort). Severance est probablement le titre qui rendit fun le concept de « découpage d'adversaire, butcher's style », bien plus qu'un Die By The Sword qui était bien plus difficile, tant dans son challenge que dans son maniement.
Les affrontements sont ici à l'image de l'atmosphère : Froids, sanglants, difficiles et surtout, de longue haleine. Personne n'implorera la pitié de son opposant ou n'abandonnera alors même qu'il est à l'article de la mort. La conclusion sera toujours la même : l'un des participants y laissera sa vie (s'il a de la chance, parce que la plupart du temps, on a droit à un bras ou une jambe en bonus).

N'imaginez même pas foncer dans le tas en tranchant des têtes à tout va. Severance est peut être brutal et bourrin, mais tout en exigeant une grosse dose de finesse. Le moindre gobelin sera aussi dangereux que le plus grand des orcs, ou que les démons hantant les différents levels. Certains ennemis seront plus coriaces, ou posséderont une technique ou des pouvoirs particulièrement énervant, mais tous seront dangereux pour vous. Les combats se font avant tout en « un contre un », sauf à de rares occasions où vous devrez jouer d'habileté et de dextérité pour vous en sortir. En général, vous « lockerez » (pardonnez le néologisme) un vilain en particulier : votre personnage ne le quittera plus du regard et vous pourrez tourner librement autour. Il s'agit ensuite de porter des coups, tout en barrant ou évitant ceux émanant d'en face. L'exercice est difficile, surtout au début, car ce qui est vrai pour vous l'est aussi pour les autres : ne vous étonnez pas de les voir esquiver votre lame comme s'ils connaissaient déjà vos intentions. Ma première rencontre avec un orc fut longue et douloureuse et se prolongea à l'aide de nombreux chargement de sauvegardes... Courage, patience, ou encore, persévérance, tels sont les maîtres mots de Severance : Ne jamais lâcher l'affaire, on finit toujours par y arriver ! Les techniques sont différentes d'une espèce à l'autre, mais tous les orcs se battront de la même façon, de même que les gobelins ou les chevaliers. Il suffit de s'adapter à la situation, à l'adversaire, à l'arme que l'on utilise et, enfin, de connaître les différents combots de votre héros et c'est du tout bon. Croyez moi sur parole quand je l'affirme : Ces mêlées font encore parties des meilleures que je connaisse à ce jour.

Presque six ans après sa sortie, vaut-il donc toujours le coup ? Honnêtement ? Largement. Payé une bouchée de pain sous une impulsion oscillant entre nostalgie et envie de me le faire (je ne l'avais jamais terminé) en espérant m'occuper un week end, je dois avouer que je fut surpris de retrouver un tel pied en y jouant. S'il a pris de la bouteille et qu'il a perdu une grande partie de la beauté qui fit sa réputation, sa profondeur, sa bestialité, son challenge, son plaisir et sa durée de vie sont, eux, toujours présents. 4 personnages possédant un style qui leur est propre, une violence présente à chaque instant, un univers onirique et magnifique à parcourir et à sauver, le tout pour un prix ridiculement bas (5€, neuf !) terminent de faire ce titre un immanquable pour tous les amateurs du genre.
Dernière petite info : un peu partout sur le net existent des sites proposant de nombreux mods, permettant d'ajouter de nouvelles classes de personnages, de rendre le jeu plus difficile, de doter les ennemis d'un comportement plus rationnel etc... Une source de renouvellement constant et de grande qualité.
Bref, Severance : Blade of Darkness : Quand la violence et le démembrement deviennent un art accessible à tous et toutes.



Attention tout de même, car toute brutalité à un prix : Le jeu est déconseillé aux moins de 16 ans dans l'hexagone. Coup de bol quand on pense qu'il est interdit aux moins de 18 ans en Angleterre...

Quelques Liens :

Le site officiel : https://www.codemasters.com/severance/eng/Index3.htm (404 status - Not Found).

Une ancienne pub en Anglais sous Youtube, avec sur le côté pas mal d'autres vidéos pour se faire une idée du jeu : https://www.youtube.com/watch?v=ThlAzZd_qQE

Le site de l'éditeur Mindscape, le proposant à 4.99€ (dispo au même prix dans la plupart des grandes surfaces) : https://jeux.mindscape.com/Products/ProductInfo.aspx?pid=2553&cid=0&tm=&mn=0 (404 status - Not Found).
Raphi Le Sobre
2007-08-03 19:30:14



jouer.orgCNIL n° 822436